Parker est donc aveugle depuis son enfance, suite à un tragique accident qui a également coûté la vie de sa mère. Elle vit depuis avec son père avec qui elle partage une grande complicité. Mais le malheur frappe une nouvelle fois lorsque son père meurt pendant l'été. Sa tante et sa famille arrivent d'Angleterre pour veiller sur Parker et s'installent dans sa maison. Et la rentrée scolaire arrive. Et Parker va devoir grandir avec tout cela.
Ça fait beaucoup d'informations d'un seul coup, mais pas de panique, tout ceci est bien amené et développé dans l'histoire. On fera la rencontre de tous les membres de la famille de Parker, mais ils ne sont qu'une partie de la galerie de personnages qui entourent la jeune fille. Les plus intéressants sont ceux qui composent la population du lycée de la ville.
Parker a toute une bande d'amis. Ce ne sont pas les plus populaires, mais ils forment un groupe soudé. Ils ont quand même leur petite réputation au lycée car ils se sont spécialisés dans l'écoute des problèmes des autres, leur apportant quelques conseils avisés. Mais mais mais, ce groupe d'amis va évoluer, se déchirer et se retrouver. Ce livre est d'abord une formidable leçon d'amitié. Et je ne parle pas de truc du genre « Best Friend Forever », mais plutôt de déclarations qui viennent du fond des tripes et qui te mettent la larmichette au coin de l’œil. Rien que ça. C'est vraiment plaisant de trouver de belles histoires d'amitié dans un roman pour adolescents.
Maintenant, parlons garçons ! Eh oui, que serait un roman ado sans garçons ? Pour une fois, on n'a pas la panoplie complète des stéréotypes. Ils sont tous différents, mais crédibles. Bien entendu, leur rôle est de créer des ambiguïtés amoureuses, mais l'auteur arrive à amener tout ceci assez finement. Plus d'une fois confrontée aux garçons, Parker va apprendre à analyser ses hormones et ne pas forcément se laisser guider par celles-ci. On arrive à des situations tout à fait réalistes où nos personnages se remettent en question et tirent des conclusions de leurs actes.
Bon, nous avons là des thèmes très intéressants, mais tout de même assez communs. Cependant, je n'ai pas abordé LE sujet de ce livre : la cécité (le fait d'être aveugle quoi). C'est ce qui fait la différence. Sans cela, on aurait qu'une histoire banale destinée aux adolescents...
Je me suis attardée sur les personnages secondaires sans détailler notre héroïne. La narration est à la première personne, choix très intéressant car, de ce fait, on partage totalement les sensations de Parker. Et donc... eh bien on ne partage pas sa vue (vu qu'elle est aveugle, vous avez suivi ?). Ainsi, on a très peu de descriptions physiques des personnes de son entourage et un soin tout particulier est porté à la description des autres sens, surtout l'ouïe. Cette technique permet une immersion plus importante dans l'univers de Parker. De nombreuses technologies d'assistance sont également présentées, comme la lecture des sms par le téléphones par des voix programmables.
La personnalité de notre héroïne est particulière. Elle est aveugle certes, mais elle n'est pas du genre à s'appitoyer sur son sort ; elle se débrouille très bien avec sa canne, ses repères et ses amis. Elle a établi un système de règles que tout le monde doit respecter (vous avez quelques exemples dans le résumé). Mais elle est très cynique sur sa condition et ses règles ne lui permettent pas de faire entièrement confiance aux gens. Ses sarcasmes ne sont pas excusables par sa cécité, et elle l'apprendra bien vite. Ainsi, malgré un handicap, on est face à une adolescente à la fois pénible et attachante, une adolescente comme les autres en fait. Et ça, c'est très bien. Très, très, très bien.
Je vais peut-être arrêter mon blabla ici, même s'il y a tant de choses à ajouter ! Dis-moi si tu souris est un très bon livre, s'adressant aux adolescents à travers une héroïne certes aveugle, mais semblable à eux. À lire si vous êtes adeptes du genre !
Attendez, une dernière chose ! J'aimerai ajouter un mot sur le titre. En version originale, le livre est intitulé Not if I see you first. C'est une expression courante, synonyme de see you later, see you soon « à bientôt / on se voit bientôt » ; un évident jeu de mots sarcastique sur le fait que Parker, justement ne peut pas « voir » see ! Et cela rappelle bien l'humour grinçant de notre héroïne !
Dis-moi si tu souris d'Eri Lindstrom • USA Not if I see you first 2015 • Traduction d'Anne Delcourt • Nathan Jeunesse • 16,95 € • 389 pages • juin 2016
Site / Twitter d'Eric Lindstrom • Facebook Lire en live
Pourquoi pas un jour ! mais il n'est pas dans mes priorités :) merci pour cette chronique !
RépondreSupprimerJ'ai adoré !
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