9 oct. 2017

Sirius, Stéphane Servant - Post-apo poétique

Sirius est le troisième livre de Stéphane Servant que je lis. Troisième livre, troisième coup de cœur ! Alors que ses deux précédents romans se plaçaient plutôt dans notre époque, Stéphane Servant nous fait cette fois-ci faire un bond dans un futur post-apocalyptique. 

Les animaux ont été décimés. Les humains sont stériles. Le monde tel qu'on le connait se meurt. Bonne ambiance. 

Nous suivons Avril et son petit frère Kid qui survivent loin de tout, perchés dans une cabane en haut d'un grand arbre. La jeune fille essaye tant bien que mal d'élever son frère qui ne trouve aucun intérêt à la connaissance, lui qui ne connait justement que la vie sauvage. Mais ils vont devoir tout quitter lorsque la folie des hommes et le passé aussi douloureux que secret d'Avril les rattrape. Commence alors leur long voyage dans ce monde ravagé, guidés par un mystérieux cochon noir... Sirius.

Les romans de Stéphane Servant abordent toujours trois thèmes : 
  • la fin de l'enfance
  • la force de la nature
  • l'importance des histoires
Sirius les reprend tous. La fin de l'enfance rime avec la fin du monde. Tout le monde est forcé de changer. Avril a grandi beaucoup trop vite pour survivre dans ce monde fou et protéger son frère. Kid, justement, connait une évolution toute particulière. À 5 ans, il semble plus proche de l'animal que de l'humain, ayant une intense connexion avec les bêtes.
La force de la nature est omniprésente. L'humanité autodestructrice s'est menée à sa propre perte en massacrant ce qui l'entoure, empoissonnant son environnement et en tuant les animaux prétendument malades. Malgré cela, la nature est toujours là, renaissant de ses cendres. Elle réveille les instincts les plus enfouis des humains ; la sauvagerie
Et enfin, l'importance est histoires est capitale. Dans leur errance, Avril et Kid vont partager la route du Conteur, un écrivain de l'ancien monde qui voyage en compagnie de son âne. Lui sait écouter les histoires des autres et les garder précieusement. Mais de manière plus générale, que ce soit par un personnage armé des pires intentions du monde qui rythme sa traque grâce aux mots de Roméo et Juliette, ou par des rêveries prophétiques qu'a Kid, Sirius nous montre que ce sont les histoires qui nous maintiennent en vie.  

L'histoire alterne des moments poétiques et contemplatifs avec des scènes violentes et angoissantes. Le tout est servi par une écriture merveilleuse. Stéphane Servant a la plume délicate et affûtée, travaillant chacune de ses phrases pour aboutir à un ensemble magnifique. J'y ai retrouvé toute la beauté littéraire qui m'avait séduite dans Le Cœur des louves et de La Langue des Bêtes

J'ai terminé Sirius il y a quelques semaines et j'ai déjà envie de le lire à nouveau. À la première lecture, on se contente de suivre le voyage de nos personnages, mais on devine une multitude de pistes de réflexions lancées : écologie, surconsommation, animalité de l'humain, inéluctabilité de la fin du monde... Je suis certaine qu'en le relisant, on trouve de quoi nourrir de grands débats. Et j'avoue avoir aussi très envie de me plonger encore dans cette histoire pour retrouver les mots magnifiques de Stéphane Servant. 

Bon, y a-t-il besoin de développer davantage ? Sans doute, mais j'espère vous avoir donné l'envie de vous intéresser à ce livre. Pour moi, Sirius est sans l'ombre d'un doute l'un de mes coups de cœur de cette année et une perle de la littérature jeunesse (qui dépasse bien le public des adolescents). 

Sirius de Stéphane Servant • France • Éditions du Rouergue - épik • 16,50 € • 473 pages • août 2017

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